Après la découverte du corps de Lina, le 16 octobre, dans la Nièvre et le suicide de Samuel Gonin, le 10 juillet 2024, l’action publique pourrait s’éteindre et le principal suspect serait toujours présumé innocent puisqu’il n’y aura pas de jugement. Mais au fil des temps, les Français ont connu d’autres affaires criminelles dont les issues ont été semblables à l’affaire Lina.
Mercredi 16 octobre au soir, le parquet de Strasbourg a annoncé la découverte du corps sans vie de Lina, adolescente de 15 ans portée disparue depuis le 23 septembre 2023. La dépouille était en effet «immergée dans un cours d’eau situé en contrebas d’un talus» dans la région de Nevers, dans la Nièvre.
Mais avec la mort du principal suspect dans cette affaire, Samuel Gonin, l’action publique pourrait être éteinte, conformément à l’article 6 du Code de procédure pénale. De son côté, l’article 121-1 du Code pénal ajoute le fait que seules les personnes physiquement responsables d’un crime peuvent être jugées. Sans oublier également que la présomption d’innocence impose que toute personne reste innocente tant qu’elle n’est pas jugée.
De ce fait, Samuel Gonin ne pourra pas être jugé puisqu’il s’est suicidé le 10 juillet 2024 à Besançon. Ce n’est pas la première fois qu’une affaire criminelle connaît ce type de scénario et cette issue.
Le cas Héléna Cluyou (2023)
L’histoire de l’adolescente Lina rappelle ainsi une seconde affaire s’étant déroulée en 2023. Le 9 février, le corps sans vie d’Héléna Cluyou, une étudiante infirmière de 21 ans portée disparue depuis le 29 janvier après une soirée passée dans la discothèque le One Club à Brest dans le Finistère, a été retrouvé calciné dans une forêt à Argol, à l’entrée de la presqu’île Crozon.
Quelques jours avant la découverte du corps, soit dimanche 5 février 2023, le procureur de la République de Brest a pris la parole lors d’une conférence de presse, indiquant qu’un «suspect a été identifié». Celui-ci, un Brestois de 37 ans, avait confié à ses proches «avoir commis une bêtise, que sa vie était finie» et que «c’était un accident».
Les proches du suspect ont alors contacté les forces de l’ordre et l’on ensuite emmené au commissariat. Mais le suspect n’a pu être entendu et devait être hospitalisé car il avait tenté de mettre fin à ses jours la veille.
À ce moment-là, aucun lien n’était fait avec la disparition d’Héléna Cluyou. Ce n’est que samedi 4 février, à la veille de la prise de parole du procureur de la République, que le principal suspect a dit à son frère et à sa belle-sœur que l’accident dont il parlait «en boucle» était en réalité «ce dont on parle à Brest depuis cinq jours», à savoir la disparition d’Héléna Cluyou.
Le couple a prévenu dans la foulée la brigade de gendarmerie de Crozon. Les enquêteurs ont décidé alors de se déplacer jusqu’à l’hôpital pour interroger le suspect. Mais ce dernier a fait une seconde tentative de suicide dans sa chambre de soins «avec un sac plastique sur la tête» avant l’arrivée des enquêteurs.
Hospitalisé en réanimation, l’homme de 37 ans est décédé le 9 février dans la matinée et n’a donc pas pu être entendu sur son implication dans la disparition de l’étudiante infirmière de 21 ans.
Le cas Elodie Kulik (2002)
Cette affaire remonte à il y a 22 ans, soit en 2002. Le 12 janvier, Elodie Kulik, une banquière de 24 ans, a été retrouvée calcinée à Tertry, dans la Somme. La victime avait été violée avant d’être brûlée. Au cours de son calvaire, Elodie Kulik avait appelé les secours et son appel a été enregistré. On entendait alors la victime hurler. Les voix de ses agresseurs étaient audibles. Les enquêteurs avaient prélevé plus de 700 profils ADN sur les lieux du crime. Mais à l’époque, les avancées technologiques ne permettaient pas d’identifier les auteurs de cet acte odieux.
Ce n’est que 10 ans plus tard, soit en 2012, qu’un nouveau dispositif scientifique, venu des Etats-Unis, a permis d’identifier un suspect. Il s’agit de l’ADN de parentèle.
«Si l’on a aucune correspondance à 100%, et en fonction de l’infraction commise, on peut faire une recherche en parentalité», a argué colonel Sylvain Hubac, chef de la Division criminalistique biologie génétique de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) à CNEWS.
Lors d’une analyse d’ADN de parentèle, «on ne regardera pas une correspondance à 100% dans le Fichier national automatisé des empreintes digitales (FNAEG) avec la trace ADN prélevée sur le lieu du crime. En revanche, on regardera une correspondance à 50%. De cette manière-là, on va pouvoir établir une liste de candidats qui, bien évidemment, ne sont pas à l’origine de la trace, mais qui sont soient des ascendants directs (père ou mère de l’individu à l’origine de la trace), soit un descendant direct de l’individu à l’origine de la trace (fils ou fille)», a expliqué à CNEWS le colonel Sylvain Hubac.
De ce fait, un des suspects, Grégory Wiart, a été identifié par recoupement avec le FNAEG, où figurait l’ADN de son père, alors emprisonné pour une affaire d’agression sexuelle sur mineurs.
Là encore, un problème se pose : le principal suspect s’est tué dans un accident de la route en 2003. Le 24 janvier 2012, l’exhumation du corps de Grégory Wiart était organisée afin de pouvoir confirmer qu’il s’agissait bien du profil génétique du suspect. Finalement, les analyses ADN ont permis d’approuver l’identité de l’agresseur.
Le cas Nelly Haderer (1987)
L’histoire remonte à 1987. À l’époque, Nelly Haderer, 22 ans, avait été tuée de deux coups de carabine 22 LR. Son corps avait été retrouvé, découpé, dans une décharge proche de Nancy le 31 janvier.
Jacques Maire, principal suspect dans le meurtre de Nelly Haderer, est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, lors de son procès en appel en 2006, à la fois pour enlèvement et séquestration sur Odile Busset, une autre victime, et pour enlèvement et meurtre sur Nelly Haderer. Mais la décision de la cour d’appel est cassée par la Cour de cassation pour vice de procédure, en 2007, la greffière n’ayant pas signé une trentaine de pages. En octobre 2008, Jacques Maire est définitivement acquitté.
Sept an plus tard, le 29 janvier 2014, une nouvelle analyse révèle que l’ADN de Jacques Maire se trouvait sur le jean de Nelly Haderer. Cependant, un problème se pose : L’article 368 du Code de procédure pénale stipule qu’«aucune personne acquittée légalement ne peut plus être reprise ou accusée à raison des mêmes faits, même sous une qualification différente».
Trois ans après, soit le 7 décembre 2017, la justice décide de rouvrir l’enquête en ordonnant un supplément d’information dans cette affaire, à la suite de la présence inexpliquée de l’ADN de Jacques Maire sur le pantalon de Nelly Haderer. Il devait alors être réentendu en qualité de témoin. Cependant, le 21 janvier 2018, Jacques Maire est décédé à l’âge de 64 ans d’une crise cardiaque.
«L’enquête est ouverte contre X, techniquement les investigations peuvent continuer, mais il était dans le collimateur et tout laisse à penser que le dossier va être refermé», avait réagi, à l’époque, Me Alexandre Bouthier, l’un des conseillers de Jacques Maire.
«La mort de Jacques Maire ne clôt absolument pas définitivement l’enquête, c’est un obstacle», avait estimé, pour sa part, auprès de l’AFP Me Pierre-André Babel, avocat de la mère, des frères et sœur de la victime.
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