Malgré une liste d’engagements, pilotes et voitures, d’un intérêt certain, le principal sujet de curiosité des 1 000 kilomètres de Paris a été l’Alpine-Renault de 3 litres de cylindrée, qui effectuait à Linas-Montlhéry ses débuts en compétition.
Pour une première course, et après une préparation hâtive, les créateurs de la voiture ont lieu d’être satisfaits. Seule une voiture – une Porsche Carrera-6 – de cylindrée inférieure, l’a précédée à l’arrivée. Classés septièmes à huit tours des vainqueurs, Mauro Bianchi et Henry Grand-sire ont réussi ce qui paraissait une gageure: terminer une épreuve d’endurance en guise de galop d’essai. Certes des incidents sont survenus : courts-circuits, panne de démarreur, première vitesse de la boîte très vite inutilisable, mais l’essentiel – le moteur – a tenu bon.
L’impression générale qui s’est dégagée est que pour l’instant, et en fonction de sa cylindrée, le 3 litres manque encore de puissance. Avec l’adoption prochaine de l’injection et quelques modifications, Gordini pense rendre sa mécanique réellement compétitive. Son but est la participation aux Vingt-Quatre Heures du Mans 1968 ; d’ici le mois de juin prochain il dispose donc du temps nécessaire pour mener son entreprise à bien.
Quant à la voiture elle-même, elle n’est pas faite pour séduire vraiment l’esthète. Certes, l’efficacité d’une voiture de course est essentielle et son aspect secondaire. L’Alpine a cependant une allure un peu désuète qui contraste avec l’élégance, la silhouette racée, la puissance des lignes de ses concurrentes, que ce soit les Ferrari, Ford, Lola, Porsche ou Matra. Il est vrai que le 3 litres Renault a été placé dans un châssis qui diffère très peu des Alpine que l’on a pu voir sur les circuits les années passées, Cependant elles ont, dans bien des cas, prouvé leur qualité et le bien-fondé de leur conception.
La Mirage-Ford pilotée par le Belge Ickx et l’Australien Hawkins, a remporté, après les 1000 kilomètres de Spa, sa deuxième victoire de Montlhéry. La pluie, les pistes glissantes, semblent lui convenir particulièrement Alors que la grosse et trop lourde Ford Mark-2 de Schlesser et Ligier perdait ses chances de succès dès les premières averses, la Mirage-Ford et ses pilotes s’accordaient fort bien des intempéries. La Lola hors course très vite – carter de boîte éclaté, – ses seules adversaires furent les Ferrari P3-P4 et la Matra-Ford de Beltoise-Pescarolo. Ceux-ci réussirent même à mener durant quatre tours avant d’abandonner, boîte de vitesses cassée. Quant aux Ferrari de Bianchi-Beurlys et de Piper-Siffert, elles eurent l’occasion l’une et l’autre d’être en tête et terminèrent l’épreuve en deuxième et cinquième position. Dans les tous derniers tours, et en raison, semble-t-il d’un mauvais calcul du stand, Schlesser et Ligier furent rejoints et dépassés par Schutz-Herrmann (Porsche-Carrera-10). Schlesser perdait ainsi le titre de champion de France des circuits au profit de Buchet. Au volant de la Matra 2 litres, Johnny Servoz-Gavin démontra une nouvelle fois ses grandes qualités. Il se classa, avec Jaussaud, neuvième.
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